cybergrunge, le blog https://blog.cybergrunge.dev Ceci est un blog. C’est cybergrunge qui écrit dedans. fr Mes petites mains. Une seconde police dédiée à la lisibilité sur le blog Fri, 13 Jan 2023 10:53:08 GMT https://blog.cybergrunge.dev/une-seconde-police-dediee-a-la-lisibilite-sur-le-blog Je viens de changer la police CSS utilisée pour le texte courant. Je viens de changer la police CSS utilisée pour le texte courant.

J’utilisais déjà ici la police Luciole, « conçue spécifiquement pour les personnes malvoyantes » par le Centre Technique Régional pour la Déficience Visuelle et le studio typographies.fr, pour la titraille et quelques éléments courts, mais je la trouve beaucoup trop épaisse pour du texte courant.

J’essaye donc à partir d’aujourd’hui la police Atkinson Hyperlegible, conçue par le Braille Institute.

J’ai dû augmenter un peu la taille de base, car elle est curieusement assez petite.

Vous pouvez me donner votre avis sur Mastodon.

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L’atteinte du seuil d’ignition en fusion nucléaire par le laboratoire Livermore de l’Université de Californie est une excellente nouvelle Wed, 14 Dec 2022 19:45:41 GMT https://blog.cybergrunge.dev/l-atteinte-du-seuil-d-ignition-en-fusion-nucleaire-par-le-laboratoire-livermore-de-l-universite-de-californie-est-une-excellente-nouvelle Voilà, il y aura au moins un petit endroit sur le web où ce titre sera inscrit sans équivoque. Voilà, il y aura au moins un petit endroit sur le web où ce titre sera inscrit sans équivoque.

Et tous les fâcheux qui se vautrent dans le confort facile des énergies sales et en déclin d’aujourd’hui tout en critiquant les tentatives scientifiquement démarchées d’avoir de l’énergie propre demain sont priés de lever le pied sur l’indécence, merci.

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Tout est politique, même le ping-pong Mon, 12 Sep 2022 13:16:00 GMT https://blog.cybergrunge.dev/tout-est-politique-meme-le-ping-pong Je me suis inscrit au club de tennis de table à côté de chez moi. Je me suis inscrit au club de tennis de table à côté de chez moi.

Lors des deux premières séances, j’ai dû affronter deux types d’adversaires : ceux qui étaient vachement meilleurs que moi et me donnaient des conseils, et ceux qui étaient vachement meilleurs que moi et me mettaient la pâtée. (Dans tous les cas, je prévenais que j’étais débutant.)

Les premiers étaient contents de pouvoir tirer vers le haut un nouvel adversaire. Quel qu’ait été leur parcours, ils se sont retrouvés dans la même situation que moi au début. Et le reste du groupe a fait en sorte qu’ils atteignent leur niveau actuel. Cela leur paraît donc non seulement normal de participer à l’enseignement collectif dont ils ont bénéficié, et logique d’investir du temps afin de rendre un adversaire de plus en plus intéressant à affronter.

Les seconds ont juste pris plaisir à vaincre un adversaire qu’ils savaient déjà être en infériorité. Ils ont pris ce qu’ils avaient à prendre au groupe, et s’en servent désormais pour dominer, sans s’interroger sur la mort inéluctable de l’intérêt des nouveaux arrivants pour le jeu, si tous les anciens se comportaient de la sorte.

Toute ressemblance avec des idéologies politiques opposées concernant la solidarité sociale et la compétition économique me paraît totalement limpide.

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Le réchauffement climatique, le journaliste, la thermodynamique et l’opinion publique Fri, 02 Sep 2022 12:26:44 GMT https://blog.cybergrunge.dev/le-rechauffement-climatique-le-journaliste-la-thermodynamique-et-l-opinion-publique Ouh, mais ça fait longtemps que je n’avais rien publié. Râlons un peu pour relancer la machine. Ouh, mais ça fait longtemps que je n’avais rien publié. Râlons un peu pour relancer la machine.

Ce matin, une collègue tout juste rentrée de vacances :

Nous on est partis en Espagne avec le camion. Et toi t’as bougé ?
— Non, on est restés là.
— Ah ouais, au chaud quoi 😅
— Bah tu sais on a la clim dans l’appart, donc on était à l’abri.
— Aaaaah, je vois, c’est toi le réchauffement climatique en fait 😁

Bon, de la part de cette collègue, je sais que ce n’était qu’une blague.

MAIS.

Le simple fait que cette blague lui soit venue spontanément, alors même qu’elle venait de me dire qu’elle avait parcouru 1000 kilomètres dans un van et que je venais de lui dire que je n’en avais parcouru aucun, en dit long sur l’opinion publique à propos de la climatisation.

Quelques mises au point s’imposent.

Le réchauffement climatique

Ouaip, c’est la merde.

Le journaliste et la thermodynamique

Le froid contre le chaud

Tout l’été, j’ai vu passer des articles ventant la technique du bol de glaçons devant le ventilateur, afin de se passer de climatisation car celle-ci contribue au réchauffement climatique (passons poliment sur le fait que le journaliste n’a toujours pas compris que la climatisation en France marche à l’uranium et n’a donc que très peu d’impact en termes d’émission de gaz à effet de serre) et à l’effet d’îlot de chaleur urbain.

On ne fabrique pas du froid. Jamais. C’est impossible. Cela reviendrait à violer les lois de la thermodynamique, et par là même les fondements de notre réalité, y compris l’écoulement du temps dans le sens passé-présent-avenir. Ben ouais.

On ne peut que déplacer de la chaleur. Une climatisation concentre la chaleur présente dans l’air, et l’évacue vers l’extérieur. Voilà pourquoi elle ventile de l’air chaud à l’extérieur en plus de ventiler de l’air froid à l’intérieur.

Un congélateur fait exactement la même chose, sauf qu’il ventile la chaleur à l’extérieur de son compartiment, mais pas à l’extérieur du bâtiment. Toute la chaleur évacuée du congélateur se retrouve donc dans le logement. Chaleur dont on essaye de se protéger avec un bol de glaçons. Glaçons dont la fabrication a nécessité une augmentation de la température du logement. Etc.

Trollface dans un bateau, tenant une perche munie d’un aimant pour faire avancer le-dit bateau également équipé d’un aimant. « Problem ? » demande-t-il.

Il n’y a aucun avantage écologique à la technique du bol de glaçon par rapport à une climatisation. Au contraire même, puisque l’efficacité négative de cette technique va pousser à une fuite en avant consistant à fabriquer encore plus de glaçons.

Le chaud contre le froid

Savez-vous quelle technologie, en revanche, n’est jamais pointée du doigt par le journaliste, et ce parce qu’elle est parée des plus hautes vertus écologiques ? La climatisation.

Ah non, pardon, la pompe à chaleur.

Ah non, pardon, en fait c’est exactement le même appareil.

Un système de chauffage par pompe à chaleur concentre la chaleur présente dans l’air, et l’évacue vers l’intérieur. Voilà pourquoi elle ventile de l’air froid à l’extérieur en plus de ventiler de l’air chaud à l’intérieur.

Et voilà pourquoi les pompes à chaleur sont réversibles : elles font chauffage en hiver, et climatisation en été.

L’opinion publique

L’hiver prochain, justement, s’annonce rude. Non que les prévisions météo soient déjà disponibles, mais on sait déjà qu’on ne pourra pas se chauffer avec le gaz russe.

En fait, c’est plutôt une bonne nouvelle, puisque ça va permettre à plein de gens de comprendre qu’il faut se passer de combustibles fossiles. Les pompes à chaleur vont sans doute connaître un boom d’installations, soutenu par les aides gouvernementales.

Qui osera remettre en question l’avancée écologique de ces installations ? Les mêmes qui ont critiqué leur utilisation cet été ? On parle pourtant bien du même appareil : une pompe à chaleur. On parle pourtant bien du même usage : le confort thermique du logement. On parle pourtant bien des mêmes impacts : consommation d’électricité et création d’îlots de chaud ou de froid (pendant une période où l’on souhaite se prémunir contre l’un ou contre l’autre) dans les zones densément équipées.

Avec une différence toutefois : en hiver on peut enfiler un pull, en été on ne peut pas ôter sa peau.

Mais cet été, pour l’opinion publique, c’est ma pompe à chaleur nucléaire qui était coupable du réchauffement climatique, quand je restais chez moi au lieu de brûler de l’essence.

Mais cet hiver, pour l’opinion publique, c’est ma pompe à chaleur nucléaire qui sauvera le monde du réchauffement climatique.

🤷

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Trois, deux, un, zéro. Sun, 10 Apr 2022 19:23:54 GMT https://blog.cybergrunge.dev/trois-deux-un-zero Les résultats de l’élection présidentielle française 2022 sont tombés. Les résultats de l’élection présidentielle française 2022 sont tombés.

Trois

Selon le GIEC, il ne nous reste que trois ans pour mener les actions qui nous permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre avant la catastrophe que constituerait un réchauffement de plus de deux degrés. Et ça ne concerne que le réchauffement climatique, les autres enjeux écologiques ne font qu’ajouter des échéances.

Deux

Selon le Réseau Action Climat, seuls deux programmes proposés aux présidentielles étaient en mesure de prendre en charge la lutte contre cette extinction imminente de l’humanité (ou en tout cas de sa civilisation) : celui de Yannick Jadot (encore heureux pour un programme écologiste), et celui de Jean-Luc Mélenchon.

Un

Selon les sondages, un seul de ces deux programmes était en mesure d’être qualifié pour le second tour : celui de Jean-Luc Mélenchon.

Zéro

Le peuple de ce pays a fait le choix, activement ou passivement selon les convictions de chacun, d’ignorer le naufrage en cours, d’ignorer les alertes omniprésentes, d’ignorer les solutions patiemment étudiées et mises à sa disposition.

Dont acte. Je choisis d’ignorer ce peuple. Je n’ai rien en commun avec l’écrasante majorité de ces gens, je serai donc indifférent à leur destin. Je ne prendrai plus part aux discussions politiques autour de moi. Je résilie mes abonnements aux différents médias politiques et sociaux. Et bien évidemment, je ne voterai plus (mais j’aurai la décence de fermer ma gueule au lieu de faire de l’absention un étendard).

Voilà, moi, je descends ici.

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J’ai pris le bus Fri, 11 Mar 2022 12:13:34 GMT https://blog.cybergrunge.dev/j-ai-pris-le-bus Hier il pleuvait, alors je n’ai pas pu prendre le vélo : une aventure de cybergrunge. Hier il pleuvait, alors je n’ai pas pu prendre le vélo : une aventure de cybergrunge.

J’attends le bus.

Il pleut.

Je tiens mon parapluie d’une main, mon téléphone pour lire les bêtises des copains sur Signal de l’autre.

Le bus arrive.

Je n’arrive pas à remettre mon téléphone dans la poche avec une seule main. La main qui tient le parapluie l’aide, et je prends le parapluie dans la gueule.

Je sors mon masque. Je n’arrive pas à mettre mon masque à une main. La main qui tient le parapluie l’aide, et je prends le parapluie dans la gueule.

La porte du bus s’ouvre. J’étais devant, mais le temps de gérer les événements précédents tout le monde est passé devant moi.

Je plie le parapluie, mais je n’ai pas le temps de l’attacher fermé. J’essaye de sortir mon téléphone dans la coque duquel se trouve ma carte de bus, mais je n’y arrive pas à une main. La main qui tient le parapluie dégoulinant l’aide et me trempe le jean.

Je veux valider. Mais je ne vois pas le valideur parce que j’ai plein de buée sur les lunettes à cause du masque. Mes deux mains sont prises. J’essaye d’enlever mes lunettes avec la main qui tient le parapluie et je trempe mon sweat.

Je valide, je trouve miraculeusement une place assise, j’ai un parapluie, une paire de lunettes et un téléphone dans les mains, et je dois maintenant enlever mon sac à dos. Je fais tout tomber. J’enlève mon sac à dos. Je ramasse. Je m’asseois.

Je hurle très très fort intérieurement d’un air dégagé en éprouvant le regard pesant des autres passagers.

Tas composé de mon sac à dos, mon parapluie, mon téléphone, ma carte de bus, mon masque, et mes lunettes.
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Le disque vinyle : débunkage Sun, 20 Feb 2022 17:04:59 GMT https://blog.cybergrunge.dev/le-disque-vinyle-debunkage Un autre déterrage de fil Mastodon, cette fois sur les inepties qu’on peut lire à propos du disque microsillon. À une époque où je parcourais le web à la recherche de documentation sur l’histoire de l’enregistrement sonore, je tombais régulièrement sur des affirmations qui me faisaient sauter en l’air à propos du vinyle. En voici quelques exemples. Un autre déterrage de fil Mastodon, cette fois sur les inepties qu’on peut lire à propos du disque microsillon. À une époque où je parcourais le web à la recherche de documentation sur l’histoire de l’enregistrement sonore, je tombais régulièrement sur des affirmations qui me faisaient sauter en l’air à propos du vinyle. En voici quelques exemples.

Le vinyle sonne mieux parce qu’il est analogique.

Non.

L’électricité dans notre cerveau qui déclenche notre émotion musicale est analogique, comme le mouvement de nos tympans, comme la variation de pression de l’air, comme le mouvement de la membrane de nos haut-parleurs, comme l’électricité dans les câbles qui les relient à notre amplificateur hi-fi, comme le signal qui sort du DAC intégré à notre lecteur CD, notre smartphone ou notre ordinateur. Nous n’entendrions aucune différence si ce qui se situe avant était un disque sur une platine vinyle, ou bien l’enregistrement numérique de ce même disque tournant sur cette même platine, même si cet enregistrement était en mp3 avec un bitrate supérieur à 128 kbps, toutes les expériences en double aveugle avec du matériel actuel l’ont prouvé.

Le vinyle sonne plus chaud, plus rond.

Oui.

Mais c’est dû au fait qu’il n’existe que peu de cellules phono capables d’extraire les sons aigus aussi bien qu’un lecteur numérique. Et que les extrêmes aigus sont les premières fréquences à être détruites par les frottements répétés du diamant sur les parois du sillon. Les personnes qui aiment ce son particulier aiment le son qui a été dégradé par rapport à l’enregistrement d’origine. Elles peuvent aussi essayer avec ce type de cellules à 13 900 € (edit : 14 995 € maintenant), mais a priori ça sonnera moins chaud et moins rond.

Le vinyle a une meilleure plage dynamique.

Non.

Bien au contraire. À cause d’un bruit de fond plus élevé (le diamant frotte sur de la matière, même dans un sillon totalement droit en l’absence de signal enregistré), la plage dynamique (qui est la différence entre les sons les plus faibles et les sons les plus forts) du vinyle est d’environ 60 dB. Celle du CD est de 96 dB. Ce sont les tendances récentes en matière d’enregistrement audio qui ont massacré la dynamique sur de nombreux enregistrements de l’ère numérique. Et les radios. La plage dynamique de NRJ est de… 1 dB.

Après la masterisation, qui s’effectuait à l’aide d’une console analogique, le son « définitif » enregistré sur une autre bande dit « maîtresse » était plus naturel, chaud et profond, bref idéal pour une gravure sur le support vinyle, tout en respectant la fameuse norme RIAA. (Source)

😂

Cette phrase ne veut absolument rien dire. Un master traité par la formule RIAA est inécoutable en l’état. Cette formule standardisée par la Recording Industry Association of America consiste à déformer l’onde du signal audio lors de l’étape du mastering vinyle en diminuant le niveau des basses fréquences et en augmentant celui des hautes fréquences, afin que les premières puissent tenir dans le sillon sans déborder dans la spire d’à-côté, et que les deuxièmes soient suffisamment larges pour être physiquement présentes dans le substrat en vinyle lors du pressage. L’application de la formule inverse par le préampli phono lors de la lecture permet de retrouver l’onde sonore d’origine.

Courbes d’enregistrement et de lecture de la formule RIAA.
Courbes d’égalisation RIAA, lors de l’enregistrement et lors de la lecture. (Image Wikipédia)
Le vinyle monte plus haut dans les aigus.

Oui.

Avec une fréquence d’échantillonage numérique de 44,1 kHz, le CD n’autorise des sons que d’une fréquence maximale de 22,05 kHz, là où le vinyle peut en théorie stocker de l’information sans limites en termes de fréquence (à part la limite quantique qu’est la longueur de Planck). Mais au bout d’une dizaine de lectures, le diamant d’une platine aura déjà raboté les infimes variations de matière correspondant aux fréquences supérieures à cette valeur sur un disque vinyle. Et de toutes façons, l’oreille humaine ne peut percevoir de fréquences au-delà de 20 kHz environ. Et encore, au début de sa vie. Si vous êtes en âge de lire ce blog, vous n’êtes plus dans ce cas, désolé 😬.

Les signaux gauche et droit de la stéréo sont gravés sur les flancs gauche et droit du sillon.

Non.

Mais c’est un autre sujet. Qui fera peut-être l’objet d’un autre billet, qui sait.

Le vinyle est une vraie représentation de l’onde sonore, alors que le numérique n’en garde que des pointillés.

Oui.

En tant que signal continu, la gravure d’un microsillon se veut être l’inscription exacte (moyennant la courbe RIAA) du son dans la matière plastique. Le CD, quant à lui, restitue 44 100 échantillons de cette onde par seconde. Quelle serait la distance entre ces échantillons, si on les représentait le long d’un sillon de vinyle ? Calculons.

Un LP, ou « 33 tours », tourne 100/3 fois sur lui-même en une minute. La première spire d’un LP, celle qui présente la meilleure qualité sonore pressée (mais pas forcément la meilleure qualité restituée. Pourquoi ? Autre sujet, prochain billet, peut-être 😉), a un diamètre approximatif de 28 cm. Son périmètre est donc de 2 x π x 14 cm, soit ≈ 48,87 cm. Si l’on divise maintenant cette valeur par le nombre d’échantillons par seconde (44 100), on découvre que les échantillons seraient espacés de 0,001 cm le long du sillon. Cela correspond à 10 µm.

À titre de comparaison, un spermatozoïde mesure, flagelle compris, environ 50 µm. Il faut donc se représenter l’échantillonage de qualité CD comme un pointillé le long du sillon tous les 1/5 de spermatozoïde.

Si l’on considère la taille et le nombre des poussières déposées sur le vinyle et de celles incrustées lors de son pressage (qui n’est pas effectué en salle blanche), cela remet les choses en perspectives.

Quelques photos prises au microscope électronique avec l’échelle représentée peuvent aussi nous y aider.

Microsillon au microscope électronique, grossissement 1000 fois. Microsillon au microscope électronique, grossissement 500 fois. Microsillons au microscope électronique, vus d’en haut, grossissement 200 fois. Microsillons au microscope électronique, vus d’en haut en biais, grossissement 200 fois. Spermatozoïde au microscope électronique, grossissement 9000 fois.
(Photos Chris Supranowitz et CNRS )

Ajoutons enfin que le signal électrique envoyé à l’amplificateur par le dispositif de conversion numérique vers analogique (intégré à la platine CD, à l’ordinateur, au smartphone, ou bien externe à ceux-ci), appelé DAC, n’est pas le signal « haché » correspondant à une sinusoïde qui serait constituée de chacun des points d’échantillonnage reliés par un segment de droite. Le travail du DAC est de recalculer une courbe « douce », continue, à partir des points d’échantillonnage discrets. Un DAC de qualité correcte fournira donc une onde tout à fait similaire à celle récupérée à la sortie de l’amplificateur phono d’une platine vinyle. Le bruit de fond et les parasites physiques en moins.

OK, j’ai compris, le vinyle c’est pourri.

Pas du tout. 🙂

Je n’achète de la musique qu’en format vinyle depuis des années. J’ai la chance d’écouter des artistes un peu « hipsters » qui se sont lancés il y a déjà un moment dans ce qui est maintenant devenu une mode, un revival.

J’écoute ma musique essentiellement en format numérique sans perte (lossless), que je télécharge souvent « illégalement », et j’achète seulement les vinyles des artistes que j’écoute le plus pour les soutenir fiancièrement et pour le côté fétichiste de l’objet. J’aime la qualité parfaite du son numérique sur un bon système hi-fi, et je ne pourrais pas me permettre de payer toute la musique que j’écoute. Et même si je le pouvais, je refuse d’acheter des fichiers numériques à l’unité (à part sur Bandcamp pour soutenir les artistes qui n’ont pas pu matérialiser leurs œuvres), sans la petite satisfaction du déballage, sans le petit rituel d’écoute d’un bout à l’autre de l’album en feuilletant le livret.

Je pourrais, dans la même démarche de soutien financier de l’artiste, acheter des CD comme je l’ai fait pendant des années, mais je trouve l’objet moche et sans âme, et après avoir importé les fichiers numériques sur l’ordinateur, ne n’y touche plus jamais.

Vinyle transparent avec inclusions de noir, sur une platine.
Édition limitée de l’album d’Emma Ruth Rundle, Engine of Hell.

J’aime les grandes pochettes des vinyles, j’aime les éditions spéciales soignées et leurs disques aux couleurs improbables, j’aime voir le son imprimé dans la matière, et me rappeler les étapes et les défis techniques qu’il a fallu traverser pour approcher d’aussi près la perfection avant que cela ne devienne si facile avec le numérique, j’aime découvrir les runout-groove etchings (les quoi ? Autre sujet, billet, peut-être) et leurs petits messages cachés, j’aime les moments où je prends le temps de poser le disque pour rendre hommage à l’album entier avec ses enchaînements tels qu’ils ont été conçus par l’artiste, j’aime savoir que la courroie, le bras, la cellule, le diamant ne seront jamais dans une configuration parfaite tellement les paramètres sont variables, j’aime la surprise trop rare d’entendre un son presque aussi profond que celui de la version numérique lorsque les techniciens ont mis toute leur expertise en œuvre pour créer un bon et beau disque qui rend justice au travail de l’artiste.

Gravure sur un vinyle, près de l’étiquette : « KIM, KELLEY, JOSEPHINE, JIM ». À l’opposé, une tête de chat dessinée.
Les runout-groove etchings sur l’album des Breeders All Nerves.

J’aime la musique en concert, j’aime la musique enregistrée, et j’aime le disque vinyle. 😍

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Fabrication d’un sillet de guitare compensé : comment ? Fri, 18 Feb 2022 15:25:59 GMT https://blog.cybergrunge.dev/fabrication-d-un-sillet-de-guitare-compense-comment Suite du billet sur les sillets compensés : on passe à la fabrication. Suite du billet sur les sillets compensés : on passe à la fabrication.

J’étais donc satisfait par les résultats de mes sillets compensés, mais moins par leur matière, et les quelques adaptations que j’avais dû faire m’avaient motivé à me lancer : j’allais façonner mon propre sillet compensé, en os, sur le modèle des sillets Earvana. Il me fallait donc un modèle Earvana vierge de toutes modifications, et un bloc brut d’os à sillet (matière plébiscitée par les luthiers pour cet usage, en raison de sa réponse au taillage, ponçage et polissage, et en raison de la qualité du son associée). Hop, tous deux commandés chez Thomann.

Sillet compensé et bloc d’os brut côte à côte. Les mêmes, sous un autre angle. Les mêmes, avec vue sur le dessous.
À gauche, un sillet compensé Earvana neuf. À droite, un bloc d’os à sillet brut. Je vais devoir tailler le second jusqu’à ce qu’il ait la même forme que le premier.

Outillage

D’abord, vendre un rein pour acheter les outils qu’il me manquait, c’est à dire à peu près tout ce qui est spécifique à la lutherie.

Pour tenir

Bloc de bois en forme de demi-cercle, taillé sur plusieurs côté pour accueillir un manche de guitare selon différentes hauteurs, avec du liège pour protéger. Étau de la taille d’une main environ, avec des mâchoires surélevées et taillées en pointes.
Un support à manche de guitare, et un étau à sillet.

Pour mesurer

Règle métallique avec des entailles de plus en plus espacées d’une extrémité à l’autre. Tiges métalliques de différentes épaisseurs, double tige métallique séparée par une feuille de plastique d’épaisseur progressive, et machin bizarre servant à faire tenir les précédents sur la touche d’une guitare. Pied à coulisse avec un écran LCD indiquant « 0.3235 inches ».
Une règle à espacements, des jauges d’épaisseur en pouces et une cale à épaisseur progressive accompagnées de leur système de fixation mains libres, et un pied à coulisse numérique à affichage métrique et impérial.

Pour tailler

Limes sous formes de lames métalliques, de la taille d’un doigt environ (un peu plus long pour deux d’entre elles). Deux limes longues et fines, à grains différents. Scie étroite. Bloc métallique plat, de la moitié de la taille d’une carte bancaire environ, avec deux des tranches texturées pour limer. Papier de verre et mini meules.
Un jeu de six limes à encoches de sillets, deux limes à façonner pour sillets (quatre grains différents, de grossier à très fin), une scie calibrée de 0.010 pouces d’épaisseur, une râpe à gorge de sillet de chevalet acoustique de 1/8 pouces (utilisée pour autre chose ici), du papier de verre et des mini meules style Dremel.

Pour polir

Feuilles de non-tissé de différentes couleurs.
Un jeu de six feuilles à polir de grains différents.

Oui, ça fait beaucoup d’investissement pour un foutu sillet, hein. 🙄

Dégrossissage de la forme générale

Je commence par prendre les mesures de la gorge du sillet de la guitare, et celles du sillet Earvana grâce au pied à coulisse numérique. Les cotes sont très précises, l’intonation de la guitare se joue au quart de poil de mouche près.

Puis j’attaque le nonosse à la moelle à la meule.

Taille de la forme compensée avec une meule montée sur une perceuse. Vu en coupe, le sillet fait un L.

Les jauges d’épaisseur me permettent de vérifier rapidement où j’en suis par rapport aux mesures prises.

Trois jauges d’épaisseur. Les jauges empilées sous la partie compensée affleurent tout juste.
La mesure sur le sillet Earvana de la partie compensée était de 0.086 pouces. J’empile donc des jauges de 0.40, 0.30 et 0.16 pouces pour vérifier rapidement l’avancée du meulage.

Je place régulièrement le sillet dans la gorge pour contrôler l’avancée de la taille. Il doit à la fois reposer par sa base au fond de la gorge, qui est droite, et par sa partie compensée sur la touche, qui est courbe. Un bon contact est important pour le son.

Le sillet posé dans sa gorge sur la guitare. La courbure de la partie compensée suit la courbure de la touche. Le sillet est en contact avec le manche à la fois par sa base et par sa partie compensée. Vue de dessus.

Détermination de l’emplacement des encoches

Une fois le meulage terminé et peaufiné au papier de verre et à la pointe de cutter pour bien marquer l’angle, je reporte les futurs emplacements des encoches accueillant les cordes. Je me base sur la même largeur totale (entre mi grave et mi aigu) que celle du sillet Earvana.

J’utilise la règle à espacements, outil indispensable en lutherie pour tracer ultra précisément les encoches. En effet, les cordes étant de diamètre différents, on ne peut pas juste diviser l’espace en cinq parties égales, sinon les cordes seraient de plus en plus proches en allant des aigues aux graves.

Les luthiers expérimentés font ça à l’œil. Je ne suis pas un luthier expérimenté. 😅

La règle est apposée sur le sillet Earvana pour en déterminer les espacements.
Les entailles le long de la règle à espacements sont de plus en plus éloignées les unes des autres sur les deux longueurs (ça démarre à une extrémité, et une fois arrivé à l’autre la progression continue sur l’autre côté). Il suffit donc de caler les espacements du sillet d’origine sur les six emplacements correspondants, et de reporter cette zone sur le sillet à tailler.

Je fais l’entame des encoches à la scie calibrée de 0.010 pouces (c’est la largeur de mon encoche la plus étroite, celle de la corde de mi aigu), puis je commence à tailler à la largeur correspondant à chaque corde avec les limes à sillet : je mesure les diamètres de mon jeu de cordes au pied à coulisse, et j’utilise la lime qui a pile la même largeur si je la possède, ou bien une qui a 0.01 ou 0.02 pouces de plus (la tolérance est suffisante), ou bien la lime de la taille juste en dessous, que je devrai alors bouger un peu de droite à gauche pour gagner les centièmes de pouce nécessaires.

Je vérifie régulièrement si ne me décale pas grâce à la règle à espacements, et je corrige si besoin. À ce stade, les entames sont dans une partie du sillet qui est très haute, et sera limée au fur et à mesure que j’avancerai dans la taille des encoches.

Le sillet est posé dans sa gorge, les encoches sont entamées à leur bon emplacement et leur bonne largeur dans le bloc. Les cordes posées pour vérifier, les emplacements ont l’air ok.
Pour l’instant, tout à l’air de bien se passer.

Délimitation de la hauteur finale

Pour l’instant, mon bloc est donc très haut. Je vais devoir enlever de la matière pour rapprocher les cordes de la touche. Il faut que je détermine de combien. Je dois additionner au minimum l’espace que je souhaite avoir sous les cordes, et l’épaisseur que je dois conserver pour que les encoches tiennent les cordes.

L’espace théorique minimal sous les cordes est égal à la hauteur des frettes. En effet, en dessous de cette valeur, les cordes posées dans leurs encoches toucheraient la première frette, ce qui n’est pas le but. Mais on réserve en général une hauteur supplémentaire pour avoir un peu de marge d’usure. Et quand on taille un sillet pour la première fois on réserve encore plus parce qu’on flippe sa race de tout foirer.

Je mesure donc la hauteur de mes frettes, cette fois grâce au pied à coulisse spécial dans lequel est ménagé une petite encoche, que j’ai reçu en cadeau pour avoir versé l’équivalent du PIB d’un petit État en commandes de matériel de lutherie chez Stewmac. Je trouve 0.040 pouces.

L’extrémité de la règle de ce pied à coulisse possède une encoche, permettant à la tige mobile de reposer dessus quand on pose la règle à cheval sur une frette. La tige mobile est « poussée » par la frette, ce qui ouvre le pied à coulisse de la hauteur équivalente, et indique sur l’écran une valeur négative correspondant à la hauteur de la frette.

Grâce à la jauge d’épaisseur idoine, fixée contre le sillet à l’aide du bidule destiné à cet effet, je reporte au crayon la limite basse à ne surtout pas dépasser sinon on peut tout recommencer depuis le début (spoiler : 🤦‍♂️).

Traçage de la ligne correspondant à la hauteur de frette, grâce à la jauge d’épaisseur 0.040 pouces. Le trait final, après ajout de la marge de réserve.
J’ai biseauté la mine au papier de verre fin pour pouvoir tracer au plus près de la jauge. J’ajoute une bonne grosse marge de réserve, et je me retrouve avec un gros trait pas beau mais fort utile.

Façonnage de la compensation

Quand soudain, je décide qu’il est temps de passer à l’étape de la compensation à proprement parler.

Le sillet avance donc de 0.086 pouces sur la touche, ce qui est la valeur de compensation la plus élevée, celle de la corde de sol. Toutes les autres cordes doivent avoir une valeur de compensation propre inférieure, il va donc falloir reculer le point d’appui de chacune précisément jusqu’à cette valeur. Je mesure sur le sillet de référence avec le pied à coulisse, je reporte, et je taille.

Taille des creux de compensation dans le sillet. Autre vue de la taille des creux. Ça commence vaguement à ressembler au modèle à ce stade.
La râpe à gorge de sillet de chevalet a la bonne idée de faire exactement la largeur des creux de compensation individuels (1/8 pouces). J’y vais très progressivement, et je mesure régulièrement l’avancée.

Approche de la hauteur définitive

La suite du travail va maintenant consister à abaisser le sommet progressivement, tout en continuant à tailler les encoches des cordes au fur et à mesure. Je dois garder un œil sur la hauteur du sommet (trop bas, et je n’ai plus assez de matière pour tenir les cordes), sur la hauteur des encoches (trop bas, et les cordes vont toucher la première frette), et sur la courbure du sommet, qui doit suivre le radius de la touche mais être plus épais côté cordes graves. L’encoche de la corde de mi grave doit faire la moitié du diamètre de la corde, l’encoche de la corde de mi aigu doit faire le diamètre de la corde. La hauteur des encoches intermédiaires doit être progressive entre ces deux extrémités.

Le sillet dans l’étau ; les creux de compensation sont faits, et les encoches sont toujours à leurs places. Le sillet dans ma main ; la courbure du sommet suit celle de la partie compensée, avec une légère excentration : il faut qu’il y ait un peu plus de matière vers les cordes les plus épaisses. Placé sur la guitare, avec les cordes, tout semble en ordre même si ces dernières sont encore beaucoup trop hautes, et que les marges de réserve dépassent des deux côtés.
On admire ce résultat intermédiaire miraculeusement pas encore chibré, et à ce stade encore fort de ses nombreuses marges de réserve.

Je dois également arrondir l’arrière du sillet et commencer à tailler le profil de l’arrière des encoches pour accompagner le virage de chaque corde vers sa mécanique respective : les cordes de ré et sol sont les plus concernées sur ce modèle de guitare, les deux mi restent droits, et la et si sont intermédiaires. L’ouverture vers l’arrière doit également être un peu évasée afin d’avoir le moins de friction possible.

L’arrière du sillet dans l’étau.
On distingue l’ouverture évasée des encoches vers leurs mécaniques respectives.

Je taille le sommet à la lime à sillet moyenne, puis douce quand je commence à approcher de la limite. Je ne peux creuser les encoches qu’au fur et à mesure que j’abaisse le sommet, car les limes à encoches se coincent facilement si l’encoche est trop profonde. J’ai fait un éclat sur le bord d’une encoche à cause de ça 😱, heureusement au début donc dans une partie qui a été limée ensuite.

Il faut aussi que le profil de l’encoche fasse une courbe qui tombe vers l’arrière : il faut accompagner la courbe de la corde vers la tête, sans angle abrupt qui coincerait la corde et userait le sillet. La taille doit donc se faire dans les trois dimensions de l’espace, avec autant de risques de se foirer.

Schéma : sillet vu en coupe. La corde repose dans l’encoche qui s’arrondit vers la tête de la guitare.
L’encoche doit accompagner la courbure de la corde vers la tête, de façon à ce que celle-ci vienne se poser progressivement dessus en partant de la mécanique, et se trouve parallèle au manche à son point de départ au dessus de la touche. (Image Gerry Hayes)
Le sillet vu de l’arrière : contrôle de la courbure des encoches. Le sillet vu de côté : contrôle de la hauteur des cordes.
Je contrôle régulièrement la hauteur des cordes et la courbe arrière des encoches en recordant à la tension normale.

Quand je commence à approcher de la limite tracée au crayon, j’utilise la cale à hauteur progressive.

La cale à hauteur progressive est constituée de deux lamelles métalliques entre lesquelles se trouve une pièce de plastique imprimée en 3D, dont l’épaisseur décroît progressivement. Le tout est flexible.

Je la place comme les jauges d’épaisseur, sur la touche contre le sillet, maintenue par le bidule, de façon à imposer une limite physique aux limes à encoches. Cela me permet de continuer à tailler mes encoches directement sur la guitare, et d’atteindre la hauteur souhaitée quand je bute sur la cale. Cette hauteur va suivre la progressivité de la cale, et décroître de la corde de mi grave à la corde de mi aigu.

J’ai d’abord choisi une valeur de hauteur assez grande (0.020 pouces) au dessus de la hauteur de mes frettes (0.040 pouces), pour avoir un peu de marge. Puis j’ai décalé la cale (décalé la cale ! Ohé ohé ! 🎵) progressivement jusqu’à avoir 0.055 pouces côté grave (donc 0.015 pouces au dessus des frettes).

Je descends touuuuuut doucement.

Vue de côté, le sillet sur la guitare, avec les cordes en tension. En arrière-plan c’est le bordel, c’est normal, c’est mon bureau.
On commence à approcher de la hauteur définitive des cordes.

Et je retourne régulièrement à l’étau pour continuer à abaisser le sommet au fur et à mesure de l’abaissement des encoches, je replace le sillet, je taille les encoches, je recorde, je remets en tension, je contrôle… Je ne suis pas luthier, donc je mets des plombes et je flippe.

Magnifique photo d’un sillet dans son étau, avec une lumière rasante de fin de journée de septembre.

Finitions

Voilà, les encoches ont leurs formes, leurs positions et leurs hauteurs définitives, et le sommet fait une courbe qui suit le rayon de la touche avec un peu plus d’épaisseur côté grave.

Le sillet vu de dessus, avec les encoches terminées.
C’est pas le moment de tout foirer.

Restent les extrémités du sillet, qui dépassent toujours une fois posé sur la guitare. Et c’est important de les garder comme ça jusqu’au dernier moment, car les coups de lime qui dérape sont courants. Tout au long du travail j’ai fait en sorte de garder des marges de protection, et j’ai très bien fait 😅.

Je positionne le sillet très précisément sur la guitare, avec les cordes en tension, et après avoir joué un peu pour être sûr de la position, je trace les extrémités au crayon en suivant les contours de la gorge. Je coupe le plus gros de ce qui dépasse à la scie, et j’affine à la lime. Gros grain, moyen grain, fin, ultra-fin, et je fais extrêmement attention en m’approchant de la zone finale.

Le sillet dans l’étau posé sur le côté, les extrémités en cours de limage pour atteindre le trait de crayon.

Je contrôle régulièrement en replaçant le sillet sur la guitare.

Le sillet sur la guitare, vu de la touche : les extrémités affleurent juste. Vu de côté : le positionnement est parfait.
Eh ben je crois qu’on est pas mal là !

Dernière étape, le polissage. J’utilise du tissu à polir à grains successifs. Je polis également l’intérieur des encoches pour favoriser au maximum la glisse des cordes et éviter les problèmes d’accordages (à-coups et autres désaccordages intempestifs dans les secondes qui suivent l’accordage).

Le sillet en cours de polissage, encore mat. Le polissage est terminé, fini miroir.
Ooooh ! Ça briiiille ! C’est bôôôô 🤩
Le sillet terminé, trois-quarts arrière. Trois-quarts avant. Face avant.
Mon sillet est terminé ! J’ai pas tout cassé ! \o/

Installation

Plus qu’à coller, j’utilise de la Titebond, colle à bois plébiscitée par les luthiers. Quatre petits points de colle dans l’angle entre le fond de la gorge et la tranche de la touche. C’est repositionnable une ou deux minutes, ce qui permet d’ajuster le sillet vraiment à fleur du manche. Je recorde tout doucement pour bien serrer pendant le séchage.

Le sillet Earvana ayant servi de modèle, et bloc d’os brut de départ. Le sillet définitivement installé sur la Casino.
Le modèle, le bloc brut, et le résultat.

Alors, mission accomplie ?

À plus pour les bonus !

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Fabrication d’un sillet de guitare compensé : pourquoi ? Wed, 16 Feb 2022 16:38:22 GMT https://blog.cybergrunge.dev/fabrication-d-un-sillet-de-guitare-compense-pourquoi Pour ce premier billet (en deux parties), je triche un peu : je reprends et je complète un fil Mastodon sur la lutherie que j’avais posté en septembre 2020. Pour ce premier billet (en deux parties), je triche un peu : je reprends et je complète un fil Mastodon sur la lutherie que j’avais posté en septembre 2020.

Sillet de tête sur une guitare.
Le sillet de tête est la partie d’un instrument à cordes qui soutient et espace les cordes en haut du manche. (Photo Wikipédia)

Le problème avec les frettes

La guitare n’est pas un instrument parfaitement juste. Je crois qu’on dit que ce n’est pas un instrument « tempéré », contrairement au piano par exemple. La raison ? Les frettes sont droites et parallèles, alors qu’elles soutiennent six cordes qui diffèrent par leur diamètre, leur composition, et leur tension.

Frettes de guitare.
Les frettes d’une guitare sont des barres métalliques fixées sur le manche perpendiculairement aux cordes, et traditionnellement rectilignes. Elles servent à faire vibrer les cordes à différentes longueur pour produire différentes fréquences, donc différentes notes. (Photo Wikipédia)

Comparons avec les formes volutées de la table d’harmonie d’un piano, ou celles de la console d’une harpe.

Table d’harmonie d’un piano à queue.
(Photo JB Chatel)
Harpe.
(Photo Wikipédia)

Sur une guitare parfaitement accordée avec un sillet de tête droit et des frettes classiques, certaines notes le long du manche vont sonner un peu faux, soit trop hautes, soit trop basses. On compense traditionnellement en partie ces décalages avec un sillet de chevalet incliné, voire partiellement compensé sur les guitares acoustiques, ou totalement compensé sur la plupart des électriques.

Sillet de chevalet sur une guitare acoustique.
Sur cette guitare acoustique, le sillet de chevalet est non seulement incliné, mais également en deux parties : les deux cordes les plus aigues reposent sur un morceau de sillet placé en retrait. (Photo Takamine)
Sillet de chevalet sur une guitare électrique.
Sur cette guitare électrique, le sillet de chevalet est aussi incliné, et entièrement compensé : chaque corde repose sur un morceau de sillet dont la position dans le sens de la longueur peut être ajusté. (Photo Wikipédia)

Évidemment, il ne s’agit que d’une compensation partielle. Jouer sur la position d’appui de chaque corde à un seul endroit ne permet pas de retrouver une justesse, (ou intonation) parfaite. Le sillet de tête et les frettes restent droits et parallèles.

Il existe des guitares dites « tempérées », où le sillet de tête est droit, mais les frettes sont courbées en fonction de la zone d’appui idéale pour chaque corde et chaque note.

Guitares tempérées, à frettes courbes.
Non, cette image n’est pas distordue, ce sont vraiment les frettes qui sont courbes sur ces guitares tempérées. (Photo Nicolas Gardon)

Cette solution extrême induit des contraintes dans le style de jeu, oblige à n’utiliser que le type de corde pour lequel les positions des frettes ont été étudiées, et constitue un casse-tête épouvantable pour la maintenance des frettes (qui, en tant que consommables sujets à l’usure, doivent être régulièrement retaillées et à terme remplacées sur n’importe quelle guitare).

L’art du compromis

Justesse approximative, équilibre entre confort de jeu et frise dans le réglage de la hauteur des cordes, équilibre entre niveau de sortie et interférence magnétique dans le réglage de la hauteur des micros, la guitare est une école du compromis. Je l’ai appris en essayant de comprendre pourquoi la corde de sol ne sonnait jamais parfaitement juste à la fois sur un accord ouvert de do et un accord ouvert de ré, et pourquoi c’était plus flagrant sur une électrique que sur une acoustique.

La tolérance à cette différence de justesse dépend évidemment de l’oreille de chacun. J’ai le malheur d’être suffisament sensible à cette petite variation de fréquence, donc le compromis classique d’un sillet de tête droit et de frettes droites couplés à un sillet de chevalet compensé ne me suffisait pas. En tout cas, sur mes guitares électriques. Mais au fait, pourquoi principalement sur les électriques ?

Le cas particulier des guitares électriques

Comme évoqué plus haut, la différence de comportement de chaque corde provient de sa tension, de son diamètre, mais aussi et surtout de sa composition. Le diamètre de la partie non filetée d’une corde (son « âme ») est ce qui a la plus grande influence dans ce domaine, et le filetage des cordes graves, même s’il joue sur le diamètre général, n’a pas autant d’impact.

Schéma du filetage d’une corde.
Le filetage d’une corde est le câble très fin enroulé autour de l’âme. (Image Wikipédia)

Sur un jeu de cordes acoustiques, quatre cordes sont filetées, et deux sont lisses. Donc l’âme de la plus fine filetée est plus fine que les deux cordes non filetées. Ça explique que le décalage des chevalets acoustiques compensés s’applique aux deux cordes aigues.

Sur les guitares électriques, passée une période où quatre cordes étaient filetées et le chevalet compensé en fonction, seules trois cordes sont en général filetées. Le comportement de la corde de sol est donc totalement différent sur une acoustique et sur une électrique.

Chevalets de guitare électrique ancienne et nouvelle génération.
La compensation de la corde de sol au chevalet n’est pas la même selon que celle-ci est filetée ou non. (Photo Gerry Hayes)

Bref, sur une électrique, ce défaut de justesse de la corde de sol sur les accords ouverts en haut de manche va au delà de ma tolérance. Un jour, j’ai fait un test un plaçant un petit morceau d’allumette sous cette corde de sol, en avant du sillet, et j’ai constaté une amélioration de l’intonation. Ce n’était pas juste mon accordeur qui déconnait ! Alors, comment trouver un meilleur compromis ?

Meilleure invention toujours (comme disent les anglophones)

Je vous présente le sillet de tête compensé.

Sillet de tête compensé sur une guitare.
Le sillet compensé n’est plus droit, mais avance plus ou moins sur le manche selon la corde, pour modifier le point d’appui et donc la longueur totale vibrante de celle-ci. (Photo realparts.com)

De nombreuses expérimentations ont été menées dans ce domaine depuis longtemps, et certains luthiers le proposent à leur clients. Mais dans le domaine grand public, une marque s’est fait une place en vendant des sillets compensés prêts à poser aux dimensions adaptées aux guitares des plus grands fabricants : Earvana. Leur promesse : améliorer le compromis de la compensation.

Tableau de Earvana comparant les défauts de justesse entre un manche équipé d’un sillet classique et un manche équipé d’un de leurs sillets compensés.
Sur ce tableau, on voit les différences en centièmes de ton entre ce qui est attendu et ce qui est perçu sur chaque case d’un manche normal et d’un manche équipé d’un sillet Earvana. Beaucoup de notes trop hautes et peu de notes trop basses sur le manche normal, aucune note trop haute et un peu plus de notes trop basses avec le sillet compensé. Le compromis est meilleur avec ce dernier. (Image Earvana)

J’ai essayé, j’ai adopté.

Sur ma Les Paul, il m’avait fallu poncer le bas du sillet pour l’adapter, mais également le bas de la partie qui s’avance sur la touche car les encoches prévues amenaient les cordes beaucoup trop haut (ce qui est une autre source de défaut d’intonation en plus d’être plus difficile à jouer). Une fois tout bien réglé à ma convenance, j’étais conquis. Lorsque je me suis offert une Casino il y a deux ans, j’ai aussitôt commandé un nouveau sillet Earvana pour l’installer. Mais j’ai également acheté des limes à encoches pour pouvoir baisser l’action des cordes à ce niveau plutôt qu’en ponçant la partie compensée par le bas. En effet, cette partie suit le rayon de courbure du manche, donc c’est assez fastidieux à poncer. La gorge du sillet sur cette Casino étant assez profonde 🐷, j’ai également dû façonner et coller une cale en bois à la bonne dimension. Ça faisait beaucoup de travail pour un sillet prêt-à-poser…

La matière des sillets Earvana n’est pas non plus très satisfaisante : il s’agit d’un plastique certes de meilleure qualité que les horreurs qui sont posées par défaut sur les guitares d’entrée et de moyenne gamme, mais plastique quand même. Qui plus est, qui fonce à force d’être exposé aux projecteurs de la scène de l’Arena à la lumière de mon bureau.

J’avais des limes et j’étais fier du petit travail d’adaptation que j’avais réussi à faire. Et si j’allais plus loin ? 🤔

Je suis allé plus loin.

À suivre !

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Tiens, salut ! Fri, 11 Feb 2022 21:44:40 GMT https://blog.cybergrunge.dev/tiens-salut Eh bien voilà, j’ai un blog. Eh bien voilà, j’ai un blog.

Bon, c'est minimaliste hein ? Mais je crois que l’essentiel est là, et les améliorations viendront au fur et à mesure. L’accessibilité n’est sans doute pas à son top niveau, la typographie et les perfs non plus, et j’aimerais bien ajouter des joujous comme les webmentions.

Mais il me fallait un espace pour râler encore un peu plus 😁 et ça y est, je l’ai. Et surtout je l’ai fait essentiellement à la main, sans moteur de blog, sans framework à la mode… Et j’avais besoin de ça. Par contre ça va forcément se casser la binette de temps en temps, c’est hébergé sur un serveur dédié boiteux qui a déjà beaucoup à faire, et je ne suis pas sysadmin.

Maintenant il va falloir le remplir cet espace. J’ai déjà quelques fils Mastodon à rapatrier ici, et deux ou trois idées neuves également.

À bientôt, si ça vous dit. Le fil RSS est prêt 😉 (enfin si je ne l’ai pas pété).

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